Le lexique français est un peu pauvre pour exprimer les nuances de l’amour et qualifier les relations d’amour entre deux sujets. Alors même que les anglais distinguent to love et to like, les espagnols ont gustar, querer et amar, nous autres francophones sommes contraints d’ajouter les adverbes comme “je t’aime bien” qui est de fait moins bien que “je t’aime” tout court !
Le livre “Qui aime quand je t’aime” de Jean-Yves Leloup et Catherine Bensaid propose un lexique de mots d’étymologie grecque, pour décrire les différentes expressions de l’amour, sous forme d’une échelle allant de “l’amour-appétit” porneia à “l’amour gratuit” agapé. Cette échelle représente les étapes que tout un chacun parcourt dès le plus jeune âge. Ainsi, les premières expériences de l’amour sont de l’ordre du “prendre”, d’un amour dévorant comme le petit enfant qui attend d’être nourri par sa mère.
Un peu au-dessus, se trouvent l’amour-passion mania et l’amour-besoin pothos qui ajoutent une dimension pulsionnelle et prend l’allure de “tu es tout pour moi, je veux être tout pour toi, tu es à moi”. Cet amour engendre la possession, étape nécessaire dans l’enfance mais qui se conjugue mal à l’âge adulte. S’élevant sur l’échelle, eros, en dehors de sa connotation sexuelle, est à l’origine est un jeune dieu ou un ange s’élevant de l’emprise du besoin et de la demande, et exprime le désir et la recherche du bien.
Nous abordons ensuite l’amour qui donne et reçoit : philia qui signifie l’amour-amitié, qui reconnait les qualités de l’autre et le distingue de soi-même, permettant l’altérité. Un peu plus haut dans l’échelle de l’amour, storgè ajoute une dimension de bonté et de tendresse en soi qui illumine tout son environnement et les relations. L’amour storgè n’est plus lié à une dépendance, il devient un “état d’être”. Plus haut sur l’échelle, la dimension du don et du dévouement devient l’essence même de eunoia qui place la personne non plus du côté de la soif, mais celui de la source : donner sans attente pour être au service de de la vie et de l’amour. Enfin, au sommet, se trouve l’amour inconditionnel charis, qui balaie l’ego, les désirs et les intérêts. Donner et se donner avec joie permet d’atteindre un état de grâce.
Enfin, agapé est l’Amour à l’état pur qui rejoint l’Etre et dépasse l’humain. Alors si on introduisait un peu plus de conscience, d’agapé dans nos attentes et nos désirs, cela créerait sans doute de l’espace et de la légèreté au sein même de nos amours…
Si le coeur vous en dit, l’atelier Retrouver l’Amour de soi est une invitation guidée par la puissance de l’écriture à retrouver l’amour de soi et oser (se) dire Je t’aime.